TWIN PEAKS - SAISON 1

C"est la fin d'une époque. Depuis l'avènement du support DVD, la série Mystères à Twin Peaks était demeurée une arlésienne, maintes fois annoncée, systématiquement reportée puis annulée. TF1 vient enfin d'éditer un coffret rassemblant l'épisode-pilote et la première saison de cette œuvre majeure, mélange envoûtant de drame, de comédie, de policier, de fantastique et d'intrigues sentimentales.



Le résultat se révèle techniquement irréprochable et sensiblement composé, pour ne pécher finalement que par excès de sobriété.

Il est rare d'attribuer dans ce domaine la note maximale. Toutefois, le travail de restauration effectué ici est à ce point remarquable que l'hyperbole est de rigueur. L'image des séries télévisées des années 80 et 90 a généralement très mal vieilli — plus mal, paradoxalement, que celle de séries bien plus anciennes. Aujourd'hui, elle apparaît souvent floue et granuleuse. Or, à en juger par cette édition DVD, Twin Peaks semble avoir été tournée en octobre 2006. L'image, qui respecte le format 4/3 d'origine, se révèle d'une précision et d'une netteté irréprochables, même sur les écrans de haute définition, exempte de toute tache et d'une colorimétrie parfaite, aussi bien dans les scènes d'intérieur, sombres, que dans les scènes d'extérieur aux dominances vertes et brunes, pourtant souvent sujettes aux bavures. Jamais l'atmosphère si particulière de Twin Peaks n'avait été aussi bien rendue !

Cette atmosphère tellement enivrante tire également en grande partie son épaisseur de l'ambiance sonore. La musique mémorable d'Angelo Badalamenti méritait un traitement de faveur qui ne lui a pas été refusé. Les pistes sonores originale et française sont chacune proposées en DTS 5.1 pour ceux dont le matériel leur permet d'en profiter, ainsi que dans leur format stéréo d'origine, qui a cependant été minutieusement restauré pour être d'une impeccable clarté. Dans tous les cas, les dialogues se détachent parfaitement sans étouffer pour autant les bruits d'ambiance et la musique. Un seul bémol vient ternir ce beau tableau : il est impossible de changer de piste sonore en temps réel, sans devoir repasser par le menu de choix des versions.

Voici le détail des suppléments figurant sur cette édition :

- Introductions de la femme à la bûche : Il s'agit de courtes séquences tournées par Lynch lui-même dans le cadre d'une rediffusion de la série sur une chaîne câblée. Plus énigmatiques qu'éclairantes ou pertinentes, elles constituent cependant une plus-value appréciable.

- Interview de Mark Frost : Plus intéressant, cet assez long entretien téléphonique de Mark Frost avec deux spécialistes de la série, membres du club « Wrapped in plastic » manque quelque peu de dynamisme mais permet d'en apprendre davantage sur la genèse de la série ainsi que sur cet homme dont l'influence fut importante mais qui est toujours demeuré dans l'ombre de Lynch.

- Interviews des acteurs : Cette compilation d'interviews, qui atteint près d'une heure de durée, apporte un autre éclairage sur la série, par des acteurs qui ont pris bien du recul depuis le tournage.

- A propos de David Lynch : Assez intéressant malgré une qualité d'image déplorable, ce long documentaire de près d'une heure apporte des éclaircissements sur la personnalité et la méthode de travail de David Lynch, par des personnes qui l'ont côtoyé.



S'ils sont très appréciables, ces suppléments font durement ressentir l'absence de commentaires audio, qui auraient été précieux pour une telle série.

Ici encore, la sobriété est de mise, à tel point qu'elle risque de ternir l'imagerie si riche de la série. TF1 Vidéo a opté pour un élégant digipack noir, affichant en couverture la photo très répandue de Laura Palmer dans sa bâche de plastique. A l'intérieur, les quatre disques se chevauchent deux par deux de façon peu commode, comme c'est de plus en plus souvent le cas de nos jours. Ils sont accompagnés d'un livret de huit pages détaillant les épisodes.



Les menus, pour leur part, sont une éclatante réussite : très animés et accompagnés de ma musique de la série, ils semblent être le prolongement naturel des épisodes.